TALM-Le Mans
[DNSEP – grade master]

Les objectifs pédagogiques

La mention Design et Territoires s’attache à repenser les formes et les liens des communautés humaines avec leur milieu de vie à travers la notion de territoire. La déprédation excessive des ressources naturelles planétaires par l’homme depuis le XIXe siècle pour satisfaire et entretenir un modèle économique fortement clivé a pour conséquence la mise sous pression sans précédent des conditions d’habitabilité de l’ensemble du vivant, l’homme y compris, sur la totalité de la planète. Cet ébranlement inédit des conditions de vie sur terre demande une réorientation critique et sans précédent des imaginaires, des besoins et plus largement des manières d’habiter le monde. Pour le design et le designer, cela implique de refonder une éthique de l’action vis-à-vis des environnements que ce soient ceux qualifiés de « naturels » ou ceux dits « artificiels » dans une dimension coopérative.

La mention Design et Territoires entend sensibiliser les élèves vers de nouveaux imaginaires créatifs portés par un désir de refaire société à partir d’intelligences collectives plurielles, infranormatives (décentrées) en intégrant les représentations humaines et non-humaines. Elle invite les élèves à faire du territoire un projet à partir de l’activation et de la création de nouvelles échelles de proximité économiques, sociales, solidaires, esthétiques et sensibles. Enfin, elle les incite à privilégier de nouvelles formes attentionnelles et relationnelles au monde, socialement et naturellement plus inclusives et écologiquement plus soutenables. Ces nouvelles manières de cohabiter avec le vivant et de faire l’apprentissage de nouvelles modalités de résonnance avec l’environnement immédiat esquissent les futurs enjeux pour un design élargi à d’autres manières d’être, de penser et de faire. Les créations du designer ne répondront plus seulement à des normes fonctionnelles et des attentes esthétiques, mais intégreront une éthique du faire, du savoir-faire et du faire penser. La finalité du design, au-delà de la nécessité des besoins humains qu’il convoite, appareille de facto l’ambition du projet à une attention écologique soutenue. On parlera d’éthique créative du designer, de prise en charge des intelligences collectives humaines et non humaines et de valeurs incorporées du designer (à l’épreuve de soi).

La formation permet in fine à l’élève de développer des outils et des méthodes propres (concertation, enquête, analyse d’informations, de phénomènes sociaux, de changements, etc.) qui répondent aux besoins d’usage dans les champs de l’habitat, de la mobilité, de l’espace public urbain, périurbain ou rural auprès d’acteurs qui œuvrent pour la puissance publique et parapublique.

Les connaissances et compétences à acquérir

L’enseignement entretient et accentue les dispositions créatives des designers dans des contextes inédits. Il cultive une ingéniosité d’accès aux ressources. Il renforce l’exigence d’une expertise à hauteur d’homme et la capacité critique des designers sur des enjeux environnementaux parfois complexes. Aux compétences professionnelles sont associées celles de l’autonomie relationnelle des élèves, futurs citoyens designers dans un monde à venir, marqué par des formes nouvelles d’incertitude.

• L’année 4 permet de découvrir et expérimenter des pratiques, renforcer et développer des capacités d’analyse, collaborer et partager des savoir-faire.
• L’année 5 permet de développer une démarche personnelle coopérative dans un écosystème existant ou créé de facto, d’approfondir la maîtrise des acquis et de prolonger la capacité de les discuter.

Les objectifs de la formation en matière de connaissances et compétences à acquérir sont les suivants :

• former des designers polyvalents au croisement de méthodes d’enquêtes ethnographiques, de maquettage et (ou) prototypage in situ, de créations participatives ;
• former à un appareillage intellectuel critique à l’anthropocène, à travers une lunette ethnographique et philosophique, une nouvelle génération de créateurs-designers-chercheurs ;
• former des designers capables de prendre en charge de nouveaux cadres d’intervention notamment la production intercalaire de scènes créatives à l’échelle 01 ;
• promouvoir un design qui se développe de manière sensible, éthique et éco-responsable en tenant compte des compétences usagères et de la capacitation des espaces dans lesquels il se déploie ;
• former à un apprentissage technique des savoirs manuels à partir d’une approche écologique des matériaux, de la revalorisation des savoir-faire et des filières de compétences vernaculaires, réhabiliter des habiletés bricoleuses, à savoir, la finesse d’une attention prolongée, un art de l’observation, une capacité à combiner des fragments épars pour créer, lire et analyser dans un contexte d’économie circulaire et de réemploi.