Aller au contenu principal

BAD

TALM-Angers
[DNSEP – grade master]

Les objectifs pédagogiques

BAD – acronyme pour Beaux-arts, architecture, design – insiste de façon pragmatique sur une relation dialectique et complémentaire entre ces trois instances et pratiques qui structurent l’enseignement du design à TALM-Angers, dans des ateliers de projets où chacun de ces domaines est représenté à part égale. C’est à dessein que l’option Design ne se saisit pas d’un médium ou d’une notion pour en faire une spécialité, mais propose une approche non-spécialiste et polyvalente, conformément à la vocation généraliste du design. Parce que le design n’est pas unilatéralement d’objet, d’espace, social, écologique, digital, culinaire, vestimentaire, sonore ou encore de service, il a en charge de convoquer, d’articuler et d’agencer l’ensemble des données mises en jeu dans un projet, que l’enseignement de BAD entend construire et faire dialoguer avec l’art contemporain – en lieu et place de l’esthétique dite « industrielle ». La transversalité n’est pas seulement constitutive du design mais elle en est – pour former un concepteur en capacité de faire face à la complexité – la condition même de son renouvellement et de son extension.

Art, architecture et design sont, à la fois et alternativement, envisagés comme objet et sujet de leur propre pratique, c’est-à-dire comme matrice du projet, à l’instar de la double hélice d’ADN contenant les informations nécessaires à son autoreproduction et le logiciel pour le faire. Le design n’est pas réductible à la création industrielle, il dépasse le fonctionnalisme par décentrement du point de vue spécialisé, au profit d’un centre de gravité art/architecture/design. Il s’agit d’une approche renouvelée de la pratique du design, libre, créative et critique dans laquelle se recompose le projet dans tous ses moments, de la commande à la distribution, comme autant de leviers. Le designer contemporain se désolidarise du rôle de démiurge engagé dans une utopie sociale à réaliser que les Modernes avaient dessiné pour lui. Au profit de celui d’un lecteur ou d’un interprète qui pose la question de la définition d’une écologie des formes dont la finalité serait de réconcilier recomposition civilisationnelle, organisation technique et projection symbolique.

Les connaissances et compétences à acquérir

La matière manipulée par l’élève est celle du contexte (social, politique, économique et environnemental – l’aspect climatique étant l’un des paramètres) ou de l’outil de production lui-même. Il s’agit de voir le territoire construit ou l’outil de production comme un réservoir de formes matérielles et immatérielles pouvant être à la fois sujet et objet du projet. Les outils sont ceux du déplacement, du réemploi et de l’assemblage de formes et de leur savoir-faire. La conception et la production se déploient actuellement de manière diffuse selon les contextes ; le designer se retrouve alors pris dans des dispositifs de production de formes de plus en plus hétérogènes. Il se doit d’être autant capable de participer à la construction réelle et physique de l’environnement matériel qu’à sa construction symbolique et, en ce sens, de son acceptation sociale. Il s’agit donc de développer, chez l’élève, la capacité à convoquer les bons savoirs et savoir-faire, au bon moment et dans des situations pertinentes. Être capable d’en comprendre et d’en évoquer les enjeux et de les articuler au mieux en les considérant dans toute leur complexité jouissive.
Si cette démarche pédagogique se nourrit des pratiques de l’art contemporain, moins comme résultat que comme geste, moins comme réception que comme inscription, cela tient à des questions de formes : le design a toujours eu comme mode opératoire de préempter les formes existantes, ceci à condition de produire des formes originales, c’est un travail qui s’apparente au processus créatif à l’œuvre dans l’art. Pour autant, au-delà d’une proximité essentielle, les projets se revendiquent explicitement du design, dont les recherches portent toujours sur des produits, des services ou des espaces considérés comme une catégorie s’insérant dans la vie quotidienne. Ainsi ces territoires et leurs environnements – fussent-ils un meuble, une technologie avancée, un service innovant ou une architecture – ne sont plus considérés comme un simple artefact mais comme un intermédiaire qui permet d’envisager de manière sensible le contexte dans lequel la forme est inscrite : l’environnement humain, le jeu des relations et des interactions sociales.